L’histoire est assez inattendue : la ville de Naples, en Italie, vient de porter plainte contre notre ville du Creusot pour « appropriation culturelle ». En cause : les tissus colorés désormais familiers de nos lecteurs, qui flottent au dessus de certaines rues, comme ici rue Maréchal Leclerc :
C’est un certain M. Rossi, collaborateur de Framatome en visite récemment au Creusot, qui aurait averti l’Osservatorio Turistico de Naples, alerté par la troublante ressemblance entre les rues creusotines et l’image d’épinal des ruelles napolitaines où il a grandit : on y fait traditionnellement sécher le linge sur des fils tendus entre deux façades.
Il faut bien admettre qu’il y a quelques points communs :
Il est ainsi reproché de « s’approprier à des fins touristiques le prestige d’une tradition qui a fait la marque de la ville de Naples depuis plusieurs siècles ». Il est cité à l’appui le fait que ces fils à linge sont visibles sur de nombreuses oeuvres d’art :
Le maire David Marti a tenté de déminer ce que côté bourguignon on qualifie de « triste malentendu », auprès de M. Luigi de Magistris, son homologue le maire de Naples. Il a bien entendu été précisé qu’il ne s’agissait que de décorations festives en vue de l’accueil du Tour de France le 7 juillet dernier.
Mais les Italiens, que l’on sait par nature susceptibles, ne l’entendent pas de cette oreille. M. Rossi, s’exclame (en faisant de grands gestes) : « je pose simplement 3 questions : si ce n’est que de la décoration festive, pourquoi avoir découpé les fanions en forme de vêtement, au lieu d’utiliser de petits triangles comme c’est généralement le cas ? Ensuite, si ça ne concerne que le Tour, pourquoi sont-elles encore là 3 semaines après, alors que la saison touristique bat justement son plein ? Enfin, comment peut-on plaider l’ignorance, quand on connaît l’importance de la communauté italienne sur ce territoire ? ».
À la mairie, on voudrait trouver un arrangement à l’amiable et éviter un procès : « on avait convenu d’enlever les guirlandes fin juillet ». Mais avec les congés des équipes, ça ne pourra probablement pas être fait avant fin août, a-t-on fait savoir depuis.
Face à ce que l’Osservatorio Turistico qualifie d’un affront éhonté, d’autant plus que la météo bourguignonne « se prête nettement moins à faire sécher le linge en pleine rue qu’en Italie ». Il aurait été décidé, en guise de protestation, d’arborer un marteau pilon sur la Piazza del Plebiscito, la plus grande place de la ville méditerranéenne, tant que les fanions seraient visibles.
À se demander si la victoire à la Coupe d’Europe n’a pas donné la grosse tête à certains… ! À quand l’interdiction de manger de la pizza au Creusot ?
H.B.